Clément, 27 ans.
Je fascicule depuis le 6 juin (et oui, c'est précis !), donc depuis plus d'un mois et demi. Ça a commencé au niveau du coude du bras gauche, et au bout d'une semaine ou deux... c'était partout, ou presque. Les cuisses, les fesses, les mollets/les pieds (les petites fasciculations fines qui font peur

Pour le reste, tout ça s'accompagne parfois de vraies myoclonies (d'endormissement, mais pas seulement, en journée aussi) dans les mauvais jours, de fatigabilité / douleurs musculaires / intolérance à l'effort, mais aucune faiblesse musculaire "vraie" et digne de ce nom à signaler.
Ah oui, en parallèle, je veux dire que c'est apparu simultanément, j'ai aussi le petit doigt et l'annulaire qui se paralysent la nuit quand j'ai le bras plié (je dois dormir les bras le long du corps comme un pingouin). "Compression du nerf ulnaire" disait about BFS. "Compression du nerf ulnaire" m'a confirmé mon neuro

Avant tout, MERCI (et je remercierai certainement aussi les copains anglophones) pour ce forum, vos retours, ça m'a rassuré pas mal de fois.
Pour ma petite histoire, voilà comment tout ça est apparu :
Fin mai, j'ai commencé à me sentir malade (une semaine avant, j'avais eu peur de devenir fou, sale période...). Je ne savais pas bien l'expliquer. J'avais une sensation d'ébriété (pas de vrais vertiges, mais une drôle de sensation de marche instable), un dos hypertendu (épaules, nuque + bras très durs) des acouphènes (j'en avais avant, mais là c'était devenu très fort soudainement). Mal à l'oreille aussi (le fameux "virus" déclencheur ?) => Crise d'hypocondrie. Donc médecin. La partie rationnelle de mon esprit savait que ça ne devait pas être grand chose. Je sais comment je suis. Hypocondriaque, tendance à la spasmophilie, hypersensible, anxieux chronique, et tout le saint frusquin.
Je me suis petit à petit rassuré, le médecin m'a "prescrit" des cachets aux plantes (étape 1) tout en me conseillant de démarrer une thérapie et, si besoin, de commencer un traitement pour mon trouble anxieux.
Bon. Une petite semaine passe, et voici les fasciculations qui débarquent. Pas trop peur de vous-savez-quoi au début, hormis mes fasciculations je ne me sentais pas dans les clous...
Mais cette peur a fait son nid inconsciemment en moi, et me voici bientôt en totale panique. Par crises. Insomnies, de longues heures à lire ce forum pour me rassurer. Nouveau rendez-vous chez le médecin après une nuit blanche, je lui explique rationnellement mon angoisse et ma conscience du terrain anxieux. Rapide examen, on me prescrit du stresam, anxiolytique léger (étape 2).
Au fond de moi, je ne suis toujours pas rassuré. Dans les jours qui viennent, nouvelles crises d'angoisse. Je constate une atrophie (légère / moyenne ) des thénars (surtout le gauche), et me voilà en crise aiguë de panique. Retour chez le médecin qui me sonne gentiment les cloches, procède à un pseudo-examen neurologique clinique (mais quand même assez renseigné) sans croire à mon histoire le moins du monde. Je la persuade de me faire une lettre pour un neuro, elle me persuade d'aller consulter un psychiatre pour mon hypocondrie. Je repars avec deux lettres (trois, avec celle de la prise de sang, quasi normale au passage, un peu déshydraté et une valeur un peu faible sur un certain type d'anticorps.) et du xanax (étape 3). Je n'avais jamais avalé un seul tranquillisant avant tout ça...
Je vous la fais courte : j'obtiens un rendez vous le 2 juillet, grâce à un neurologue sympa qui a bien voulu me prendre après ses heures "vu [mon] état de panique" qu'il avait pressenti au téléphone.
Entre temps, ce forum me rassure beaucoup. Je vois que sur le forum anglophone le souci de nerf ulnaire est ultra commun, et que "BFS in a nutshell" et les symptômes des uns et des autres collent parfaitement aux miens.
Examen neuro normal. Bien entendu, aucune fasciculation durant l'examen, même pas (!) aux mollets ou aux pieds. J'ai du lui montrer une vidéo j'avais pris "au cas où" car mes twitches m'avaient déjà lâchement abandonné dans le cabinet du médecin et je ne voulais pas passer pour un fou.
Puis vient l'EMG de surface (seulement) aux bras et à une jambe (j'ai du insister un peu pour la jambe, mais le docteur était très compréhensif). Conclusion : hormis un petit souci de compression au nerf ulnaire, j'ai "des nerfs de jeune homme" (conduction même au dessus de la moyenne dans la jambe, ce qui m'a valu un sarcasme gentil en disant que je serais le premier malade de la *** avec une telle vélocité nerveuse).
"Ce sont bien des fasciculations (d'après ma vidéo), pas des myokymies... Mais ça semble bénin...".
Me voilà rassuré pour quelques jours. Ensuite ma paranoïa a repris. Difficulté à déglutir, toux avec glaires. J'ai quand même su prendre mon mal en patience, et au bout du compte, maintenant, j'avale bien (ou presque). Mélange de globus hystericus et surtout de RGO. J'avais constaté le RGO un peu plus tôt : je crois que le décontractant musculaire prescrit par le médecin m'a bousillé l'estomac (Miorel, il a cette réputation sur les forum). Une semaine d'IPP, et me voilà reparti.
Aujourd'*beep* rien n'est réglé. J'ai encore mes moments d'inquiétude, mais ça va, je gère. Je re-dors à peu près correctement. J'ai arrêté Xanax et toute médication (hors magnésium que je prends par cure depuis des mois) le jour de ma visite chez le neuro, c'est à dire au bout d'une semaine. Pour m'en passer, dans mes instants d'angoisse, j'ai continué à faire ce que j'avais commencé quelques semaines plus tôt : courir. Oh, pas grand chose, 1 km, ou 1,5 km de footing. Mais je ne suis pas très sportif, j'ai toujours eu horreur de la course. Et à mon petit niveau, je progresse doucement, ce qui est bon signe.
En revanche, j'avais l'habitude de faire 6 séries de 20 pompes tous les deux ou trois jours au lever... Ça s'est espacé à une séance par semaine : difficulté à récupérer, douleurs musculaires, augmentation des fasciculations... membres qui tremblent pendant l'effort aussi.
Je suis toujours capable de faire mes six séries, mais j'en sors un petit peu plus éprouvé. Pas de vraie faiblesse, donc. Oh, si, mon score Powerball est passé d'une moyenne de 11500 à une moyenne de 11000

Que vous dire de plus ? Voici un gros discours qui me libère un peu et signe mon appartenance à votre communauté de twitchers.
Je viens ici me présenter car j'ai l'intention de pousser l'investigation plus loin avec vous. J'ai constaté beaucoup de similitudes avec certains d'entre vous : hypocondrie, anxiété, une certaine intelligence (ça se voit facilement à la manière de s'exprimer, d'écrire, le gap avec Doctissimo est assez énorme). Un mode de vie sédentaire, une tranche d'âge... Accessoirement, divers problèmes digestifs... La similitude du démarrage des crises...
Voilà, je vais peut être créer un énième sondage, mais un peu plus poussé. Une enquête, pourquoi pas ?
Je vous remercie d'avoir lu mon pavé. Je vous remercie même si vous ne l'avez pas lu !
J'ai pourtant essayé de faire court, j'ai zappé une quantité non négligeables de symptômes désagréables et étranges.
Mes amitiés, et courage à ceux qui ne sont pas encore sortis de cette paranoïa.
Clément.