En espérant que tu ne m'en veuilles pas trop Dante1881, je profite de ton topic pour me présenter à la communauté.
Donc bonsoir à toutes et à tous, je suis un gars de 34 ans, marié avec tout (mais alors tout!) pour être heureux. Sauf que...
Cela va bientôt faire 3 mois que je "bats", "vibre", "suis pris de brèves secousses", bref, vous connaissez la chanson...
Ce forum et sa version francophone sont une bouffée d'air régulière pour moi. Souvent, très souvent rassurant, je suis surtout sans cesse éberlué de voir tant de personnes qui vivent, ressentent EXACTEMENT ce que je vis et ressens de mon côté!

C'est également, une source d'infos sérieuses (enfin! ouf!) inestimable.
J'ai l'habitude, je préfère vous prévenir, de beaucoup écrire, que ce soit sur papier ou via un clavier
Je suis un garçon plutôt tranquille, calme et timide qui a la "réputation" de rarement s'énerver et quand c'est le cas c'est plutôt sur le mode du râlage et de la bougonerie, jamais de colère explosive, j'en suis tout simplement incapable, hurler et faire de grands gestes dans tous les sens, un mystère pour moi. Un petit fond anxieux c'est vrai mais jusque là, rien qui ne sorte de l'ordinaire.
Comblé à tous les niveaux, une femme tout simplement incroyable et merveilleuse, un métier que j'ai toujours voulu exercer et qui me plaît, des potes formidables, bref la vie quoi!
Je ne sais par où commencer... Par ce que je crois être le début de tout cela ou par mes fasciculations elle-mêmes?
Par le "début" c'est peut-être plus simple... Le problème c'est que cela risque de biaiser tout d'emblée car, ce début tel que je le définis sous-entend que tout ceci est d'ordre psychologique. Non pas que cela me gêne, bien au contraire, c'est simplement que ce n'est pas vraiment en adéquation avec mon quotidien où tout est rattaché d'une façon ou d'une autre, que je le veuille ou non, au somatique...
Automne 2011, vacances, splendides, tutto va bene. Jusqu'à ce que... "tiens mais qu'est-ce donc? ce grain de beauté a changé non?! et un grain de beauté qui change c'est... un cancer! un mélanome!". Des jours à flipper, jusqu'à la fin des vacances, à scruter je ne sais combien de fois par jour ce truc avec le mot "cancer" en boucle dans la tête. Jusqu'à un avis dermato : franc, net, tranché... RAS, queudale, nada... ce n'est pas et ne sera jamais un cancer!
N'empêche... j'ai la sensation bizarre d'avoir frôlé la mort... je vais d'interprétations en interprétations, rien à faire, l'idée de la mort ne me quitte plus... pourquoi? comment? je n'en sais absolument rien mais le fait est là : cette idée m'obsède... Je vais y passer, quand? comment? Je n'en sais rien! Mais c'est bientôt! De toute façon autant de bonheur, ça se paie un jour! Chaque fois que mon regard croise sur la route un cimetière, à tout les coups je "gagne" : "c'est un signe, la mort me poursuit! la preuve je n'arrête pas de tomber sur des cimetières!". J'ai parfaitement conscience que tout cela ne veut rien dire, que ça n'a AUCUN sens mais c'est juste que ma pensée ne peut s'empêcher d'élaborer de tels "raisonnements". Ça me parasite, pendant des semaines, comme un flot de données sans fin... Ça ne m'empêche en rien de vivre ma vie! Non non, je continue de jouir de chaque instant qui le mérite, ça va plutôt quoi! Mais y a ce bruit de fond.
Vient avril 2012... Mon jeune (22 ans) cousin se tue dans un accident de la route. Je suis dévasté... Nous étions proches lui et moi... Et rebelote... J'y vois un signe : "ah! je me disais bien que la mort rodait! c'est mon cousin qu'elle a choisi de cueillir..." J'essaie de faire face mais j'ai mal, très mal en dedans. Je ne cesse de penser à lui, à ses derniers instants, me posant des questions toutes plus morbides les unes que les autres. "A-t-il compris qu'il allait mourir?", "A quoi a-t-il pensé?", "Qu'a-t-il vu en dernier?"... Bref, oui, une véritable catastrophe... Enfin de mon point de vue. Car jusqu'alors, j'étais un gars plutôt "cool" et surtout rationnel, la tête froide et aimant prendre du recul sur les choses pour mûrir ses décisions, un gars tout ce qu'il y a de réfléchi.
Et voilà que je me mets à divaguer sur des thématiques glauques, morbides, avec des éléments fort irrationnels. Ça ne me ressemble clairement pas, j'ai l'impression de perdre le contrôle, je n'aime pas ça et cela ne fait qu'entretenir tout ce cercle vicieux... Je me dis, "ouh la, ça ne va pas fort toi" mais bon, je vis avec et tout continue comme si de rien n'était (du moins, extérieurement).
Janvier 2013, commencent plusieurs épisodes de douleur abdominale (sous les côtes à droite), prise de sang, échographie: RAS. Régulièrement la douleur est réapparue, angoisse à chaque fois, je me scrute, me palpe, dans toutes les positions je ne sais combien de fois par jour.
Un bond en mai de cette année. Je suis au boulot et tout à coup, sans prévenir, une sensation étrange, dérangeante et là tout s'enchaîne... Je ne sais pour quelle raison, très rapidement, en qqs secondes, j'en arrive à me dire : "*beep* ça y est, c'est maintenant, je vais crever". Gros, très gros flip. Ça passe assez rapidement après qu'une collègue ait accouru. Pendant une semaine je n'en dis mot. Et un soir, pendant le repas avec ma très chère femme, c'est reparti mais c'est encore bien plus fort! Là devant ma douce, je pâlis, je palpite, j'ai le tournis, je crois, le plus sérieusement du monde, y passer, cette fois c'est certain... Ma femme me rassure, ça passe en qqs minutes, je me pose, je m'apaise. Tout cela ressemble en tous points à des crises d'angoisse. Difficile à accepter j'avoue, je pensais cela réservé aux "hystériques", mon ego en prend un coup... D'autant plus que cette fois, rien à faire, c'était devant ma douce, je ne peux plus cacher mon mal être. Pendant des mois, de nouvelles crises, régulièrement... J'en arrive à faire un bilan cardio (consultation, ECG, échographie, Holter, épreuve d'effort) : RAS évidemment.
Et puis nous voilà en septembre dernier. Vacances encore (arg décidément!), "boum boum boum", voilà que la face interne de ma cuisse gauche se met à battre. Ai déjà eu ce genre de chose à la paupière, il y a qqs années, pendant 6 mois! M'en étais pas offusqué à l'époque. Là, ça m'agace... Ce n'est pas constant mais un brin trop fréquent à mon goût. Ah, voilà que le mollet s'y met maintenant! Qu'est-ce que c'est que ça encore? Attends, fasciculations, fasciculations... Vais aller voir ça chez ce cher Dr Google! Et là encore, vous connaissez la chanson...
Vous reprendrez bien un peu d'angoisse et de flip? Avec plaisir! A y est j'ai une maladie neuro-dégénérative fatale... Certain(e)s d'entre vous ont tellement mieux décrit que je ne pourrai le faire, le phénomène Dr Google et tout ce qu'il peut engendrer comme conduites et pensées irrationnelles, catastrophistes et anxiogènes.
Rechercher une fonte musculaire (jusqu'à ce que les yeux me brûlent), tester jusqu'à l'épuisement et la douleur sa force musculaire, rien de très original me direz-vous!

J'ai assez rapidement découvert ce forum, salvateur incontestablement
Ces chères fasciculations se sont vite propagées. Membres inférieurs surtout, membres supérieurs, tronc un peu, face et cou rarement, langue jamais. Des battements plus ou moins rapides ressemblant à des battements cardiaques, des "pops", la sensation "bulles qui éclatent en série" jusqu'à la très énervante sensation "vibrations incessantes" des mollets (surtout à gauche). Jamais de symptômes à l'effort, assez peu au boulot quand je suis occupé, recrudescence le soir (les mollets qui vibrent, genre 15 téléphones en mode vibreur dans les jambes! parfois ça grouille littéralement là dedans!) quand je me couche notamment. Le fait d'y penser semble augmenter ces sympathiques phénomènes, le "stress" au sens large aussi... Y a celles que l'on sent mais qu'on ne voit pas et inversement, ces deux types là me flippent plus que les autres. Je trouve à celles-ci un côté sournois alors qu'un bon tressaillement c'est plus franc du collier
Je m'informe le mieux possible, je m'instruis, tente d'apprendre le vocabulaire BFS. N'empêche, pas facile de rester rationnel... Dr Google est toujours là qqpart... J'ai aussi eu la maladie de Creutzfeldt-Jacob (nouveau variant bien sûr!), d'autres joyeuses maladies neuro-dégénératives, diverses tumeurs évidemment, des maladies rares toutes plus bizarres les unes que les autres.
Je vous passe la mémoire qui flanche un peu, la fatigue et tout ces petits tracas qui viennent ajouter au tableau...
La différence des fasciculations avec une vague douleur au ventre ou une sensation de malaise c'est que c'est du concret! On les voit en plus de les ressentir! Et si elles sont là c'est qu'il y a une raison! Sinon ça na pas de sens! Ça vient bien de qqpart! (ça c'est pour le côté cartésien qui cherche absolument une explication) D'un truc horrible sûrement! (ça c'est plus le côté "je vais pas fort dans la tête en ce moment")
Y a des jours avec et des jours sans... Le testing musculaire ne m'a pas quitté, je compare toujours mes mains ou mes mollets... En ce moment, ma lubie, c'est mon membre supérieur gauche, je le trouve raide... Pas l'ombre d'une perte de force à l'horizon. Mes mains tremblent au maintien d'attitude, sûrement rien mais j'aimerais autant qu'elles ne tremblent pas. Régulièrement j'arrive à prendre du recul, pas toujours... Et dans les moments où je n'y arrive pas et bien ça n'a rien d'agréable avec surtout cette sensation d'être fou dans le sens perdre la raison, je déteste ça. Je ne me reconnais pas vraiment et je trouve cela assez effrayant. J'ai l'impression de perdre tellement de temps avec ces histoires, je me trouve bien pathétique...
En fait, je sais que je n'ai rien de grave somatiquement parlant, le problème c'est que je n'arrive pas à m'en convaincre et du coup je tourne en rond.
Je me refuse (pour le moment?) à consulter un neurologue. Un EMG normal me rassurerait sûrement mais je me dis que je suis tellement "abîmé" psychologiquement que ça n'en vaut pas vraiment la peine à l'heure actuelle... Un psy? Oui sûrement une bonne idée. Mais lequel? Comment être sûr de trouver le bon? Et puis écrire ça je sais faire (désolé d'ailleurs, sincèrement... si vous êtes arrivé jusque là : merci et bravo!) mais causer ce n'est clairement pas mon truc...
Technique de relaxation diverses et variées? L'idée me plaît beaucoup, il faut que je prenne le temps de faire des démarches en ce sens.
Bon sang, je me sens tellement infantilisé dans cette situation, à être là, impuissant, à raconter ma vie, me plaindre et geindre sur un forum internet dont les membres ont autre chose à faire que de se fader un roman pareil! Arf...
Et puis comble de tout (vraiment?!), il y a incontestablement de l'hypocondrie là dedans (sans dec'??!) bien que tous les éléments du diagnostic ne soient pas présents (ma croyance en ma "maladie" est très variable, encore une fois, je sais que je n'ai pas de maladie fatale, seulement je n'ai pas trouvé le moyen de m'en convaincre...) et quoi de plus égocentrique que cette angoisse d'être malade et/ou de mourir? Me v'là égocentrique moi maintenant...

manquait plus que ça! Être égocentrique, mon égo ne saurait l'accepter!
Il est vraiment temps que je stoppe ici.
Un grand merci à celles et ceux qui sont allés au bout de ce tas de phrases qui partent dans tous les sens.
Un grand merci tout court de faire vivre ce forum, petit havre de tranquillité et de rationalité dans le monde fabuleux des fasciculations.
Un grand merci tout court.